Ed Wood
Casting
Johnny Depp, Sarah Jessica Parker, Martin Landau, Patricia Arquette, Bill Murray, Jeffrey Jones, Vincent d’Onofrio…
Date de sortie
21 juin 1995
Durée
2H06
Genre
Biopic/Comédie dramatique
Synopsis
Évocation de la vie d’Ed Wood, réalisateur considéré de son vivant comme le plus mauvais de tous les temps, aujourd’hui adulé et venéré par des milliers d’amateurs de bizarre et de fantastique à travers le monde.
Avis
Ah, Ed Wood. Un nom qui laissera toujours s’afficher un sourire sur le visage de tous les cinéphiles qui parcourent tout le spectre du cinéma, dans sa qualité comme ses sujets. Car Ed Wood, c’est l’homme qui a été officiellement nommé « Pire réalisateur de tous les temps ». C’est le réalisateur du nanar culte Plan 9 from Outer Space. C’est un homme qui n’hésitait pas à assumer son travestissement et à s’habiller en femme sur ses tournages, que ce soit pour un rôle ou pas. Oui, dans les années 50 et 60 ! Un homme qui était la parfaite antithèse d’Orson Welles, son double maléfique, diront certains, et qui remplissait les mêmes rôles : acteur, scénariste, réalisateur, et producteur. Il n’avait juste pas le talent d’Orson Welles, ni la chance de rencontrer un public réceptif…
Pour plus de détails, n’hésitez pas à aller voir sa biographie sur Nanarland. D’autant que le film ne couvre finalement qu’une courte période (de Glen ou Glenda à Plan 9 from Outer Space) de l’incroyable vie de cet homme.
De fait, une question se pose alors : comment raconter une telle vie, une telle carrière, sans sombrer dans la moquerie facile, devant un tel palmarès de nanars et un tel titre officiel ? Il fallait bien s’appeler Tim Burton pour réussir un tel exploit. Burton, l’homme qui a fait des monstres, des différents, des incompris, de vrais héros de cinéma, s’attaquant au réalisateur le plus moqué et maudit de toute l’histoire d’Hollywood. L’idée était belle, comme celle où son univers rencontrait celui de Batman quelques années plus tôt. Et le résultat l’a été tout autant.
Parce que ce film est une petite perle de tendresse et d’innocente nostalgie envers une époque où le cinéma avait encore beaucoup à raconter mais, surtout, à inventer. Et Ed Wood, tombé dans la science-fiction des pulps de l’époque, et fasciné par les films fantastiques de Bela Lugosi, son acteur fétiche (qu’il fera tout pour relancer, devenant son dernier véritable ami au passage), ne manquait pas d’imagination, bien au contraire. Le cinéma était son rêve, il a tout fait pour le vivre.
Burton nous plonge dans le mal être de Wood (et le noir et blanc y est parfaitement adapté, en plus de faire écho aux films de l’époque), mais aussi dans son infinie passion et son incroyable sincérité. Rien ne fonctionnait sur ses tournages (le film est d’ailleurs à la limite du documentaire sur les séquences de tournage des films), mais il y allait, fermement convaincu qu’il faisait de l’excellent travail. L’insistance de Burton sur l’entourage de Wood est plus que bienvenue : il n’aurait sans doute jamais autant gardé la foi s’il n’avait pas été suivi par un groupe fidèle et loyal jusqu’à la fin.
Le casting est parfait, dans le jeu comme dans le look (qui voit Johnny Depp ici voit clairement Ed Wood vivant sous ses yeux), la musique se fait discrète, préférant laisser parler l’ambiance comme le faisaient ces vieux films d’horreur et fantastiques, et les reconstitutions sont sublimes.
Certes, ici, Burton ne nous plonge pas dans son univers baroque et visuellement exceptionnel, mais il réussit à nous attacher à l’histoire d’un homme devenu, à sa façon, une légende du cinéma. Un homme qui, finalement, était peut-être juste un grand gamin qui tenait à son rêve, quitte à faire absolument n’importe quoi…
Un nouveau livre dans l’univers de L’Épée de Vérité !
Richard n’aura décidément JAMAIS un moment tranquille, il faudra toujours que quelque chose lui tombe sur la gueule ! On part donc dans une nouvelle histoire de L’Épée de Vérité, mettant en scène Richard et Kahlan face à une grande menace, comme le résume le synopsis.
From the far reaches of the D’Haran Empire, Bishop Hannis Arc and the ancient Emperor Sulachan lead a vast horde of Shun-Tuk and other depraved « half-people » into the Empire’s heart, raising an army of the dead in order to threaten the world of the living. Meanwhile, far from home, Richard Rahl and Kahlan Amnell must defend themselves and their followers from a series of terrifying threats, despite a magical sickness that depletes their strength and which, if not cured, will take their lives…sooner rather than later.
Pour les non anglophones, la traduction maison ^^
Aux lointaines limites de l’Empire de D’Hara, le prêtre Hannis Arc et l’ancien empereur Sulachan mènent une vaste horde de Shun-Tuk et d’autres « demi-hommes » dépravés au cœur de l’Empire, levant une armée de cadavres afin de menacer le monde des vivants. Pendant ce temps, loin de chez eux, Richard Rahl et Kahlan Amnell doivent défendre leurs vies et celles de leurs suivants de plusieurs terrifiantes menaces, malgré une malédiction qui détruit leurs forces et qui, si elle n’est pas soignée, prendra leurs vies… Plus tôt que tard.
Rien que du très original, n’est-ce pas ? ^^
Et le petit extrait qui va bien, présent également sur la quatrième de couverture.
« Richard saw the point of a sword blade sticking out from between the man’s shoulder blades. He spun back toward Richard after throwing the woman out of the opening, ready to attack. It seemed impossible, but the man looked unaffected by the blade that had impaled him through the chest.
It was then, in the weak light from the fire pit off to the side, that Richard got his first good look at the killer.
Three knives were buried up to their brass cross-guards in the man’s chest. Only the handles were showing. Richard saw, too, the broken end of a sword blade jutting out from the center of the man’s chest. The point of that same blade stuck out from the man’s back.
Richard recognized the knife handles. All three were the style carried by the men of the First File.
He looked from those blades that should have killed the big man, up into his face. That was when he realized the true horror of the situation, and the reason for the unbearable stench of death. »
Et ceci arrive en août en VO. Fans de la saga, vous savez quoi faire
Bilbo le Hobbit
Genre
Fantasy
Éditeur
Le Livre de Poche
Nombre de pages
444
Année de parution
1937
Synopsis
Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible qui n’aime pas être dérangé quand il est à table. Mais un jour, sa tranquillité est troublée par la venue d’un magicien nommé Gandalf, et de treize nains barbus qui n’ont qu’une idée en tête : récupérer le trésor de leurs ancêtres, volé par Smaug le dragon sur la Montagne Solitaire. Suite à un malentendu, Bilbo se retrouve malgré lui entraîné dans cette périlleuse expédition…
Avis
Le premier roman de Tolkien, à l’origine destiné à ses enfants. Et cela se sent bien dans le style. Les descriptions du Seigneur des Anneaux vous rebutent ? Ici, c’est simple, direct, efficace. Et si l’histoire est peut-être moins profonde que celle du Seigneur des Anneaux (une chasse au trésor, un dragon, des péripéties en vrac), elle n’en est pas moins prenante. Tolkien sait doser ses effets et dévoile son univers de façon alors survolée, mais très intéressante, racontant une légende de ci de là, écrivant (souvent) des chansons, et se permettant même de s’adresser directement au lecteur pour éclairer quelques points.
Il faut en effet noter que, si le roman est écrit à la troisième personne, Tolkien n’hésite pas à utiliser le « je » dans certains cas et se placer comme une sorte d’observateur invisible de la compagnie de Thorïn. L’effet est assez spécial, mais il montre bien le fait que c’était d’abord raconté pour ses enfants. Et pour rester sur le style et l’écriture, pas de descriptions longues, donc, ici. Le ton est léger,enfantin, fonctionnant très bien avec l’humour de Bilbo, qui se retrouve tout de même embarqué dans une grande aventure pas mal contre son gré.
Si l’histoire ne réserve guère de surprises (si ce n’est un certain passage avec Smaug…), on est vite pris dans les péripéties de la fine équipe : des Trolls, des Gobelins, des Wargs, et pas mal de problèmes sont au menu, dont l’apparition d’un personnage bien connu du Seigneur des Anneaux, en plus de Smaug. L’action est effrénée, mais parfaitement dosée, et s’arrête quand il le faut, laissant place à des scènes plus calmes remplies de dialogues. Cela dit, il est dommage que la compagnie soit aussi étoffée (treize Nains, Bilbo, et Gandalf pour une partie de l’aventure), ce qui amène bon nombre de Nains à avoir des rôles plus que secondaires, voire aucune ligne de dialogue pour certains…
Malgré tout, Bilbo le Hobbit reste une belle aventure dépaysante, sans prise de tête, et qui fait très plaisir à lire, d’autant que ça va vite. N’hésitez pas à découvrir l’histoire de Bilbo. Ce n’est peut-être pas le meilleur passage de l’univers de Tolkien, premier roman oblige, mais c’est vraiment un très bon moment d’aventures et de fantasy.
Le Masque de la Mort Rouge
Genre
Fantastique
Éditeur
Aucun dans ce cas précis. Trouvé en PDF sur le Net [Appartient au domaine public : Edgar Allan Poe est mort en 1849]
Nombre de pages
4 [Nouvelle]
Année de parution
1842
Synopsis
L’épidémie de la Mort Rouge frappe partout et décime la population. Le prince Prospero, avec un millier de ses fidèles, s’isole dans une vieille abbaye et organise une grande orgie…
Avis
Pourquoi une chronique pour une nouvelle de quatre petites pages ? Parce que sur ce minuscule format, Poe réussit à en dire plus que beaucoup sur une vingtaine de pages.
Le Masque de la Mort Rouge est non seulement un modèle d’écriture gothique et fantastique (normal, vu l’auteur, me direz-vous), mais aussi une magnifique allégorie.
Nous nous trouvons là devant une quête d’immortalité. Une vaine quête devant l’inéluctabilité de la mort, marquée par le superficiel et l’arrogance, dans un univers étrange, gothique, si spécifique de Poe.
C’est beau, c’est terrible, c’est mélancolique, c’est le poids de l’inéluctable sur l’Humain, et c’est du grand fantastique.
Michel Gondry ne fera pas Ubik
Le projet avait été annoncé il y a trois ans, et Michel Gondry attendait avec impatience de réaliser ce qui était un rêve pour lui : Ubik, de Philip K.Dick, adapté au cinéma. Il semblerait que le rêve ait été bien mis à mal durant ces trois années…
Michel Gondry vient en effet d’annoncer qu’il jetait l’éponge et abandonnait le projet, quasi impossible à adapter selon lui.
Comme il le dit lui-même :
« Le bouquin est génial mais justement, il est bien en tant qu’œuvre littéraire. Pour avoir essayé de l’adapter avec plusieurs scénaristes… Disons qu’en ce moment, je ne me sens pas de le faire. Il n’y a pas les ressorts dramatiques qui feraient que ça serait un bon film. Je viens de recevoir un script qui m’a un petit peu refroidi… Donc voilà. C’était un rêve, mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. »
Bref, à moins d’un scénariste de génie, il semble que le film Ubik soit destiné à être un massacre du roman. Comme le fut Next par rapport à L’Homme Doré, quoi…
Gageons que ça n’empêchera pas le studio de maintenir le projet en lui trouvant un remplaçant peut-être moins exigeant dans le choix du scénario…
George R.R Martin, Dunk, et l’Œuf
Si beaucoup attendent évidemment le sixième volume du Trône de Fer, George R.R Martin ne manque pas d’autres projets et travaux à côté. Et, parmi eux, on trouve les nouvelles consacrées aux aventures de Ser Duncan le Grand (alias Dunk) et l’Œuf.
Petit point sur les parutions à ce jour : le duo a connu trois nouvelles en VO, et les deux premières ont été traduites, et sont disponibles dans le petit recueil appelé Le Chevalier Errant, suivi de L’Épée Lige : Préludes au Trône de Fer. Le recueil en question a été chroniqué par mes soins, d’ailleurs. Et George n’en a donc pas encore fini avec eux.
Si on savait cela depuis un certain temps, on apprend aujourd’hui que l’auteur a au moins encore deux nouvelles supplémentaires en tête. Bien évidemment, il ne faudra pas attendre que George R.R Martin travaille dessus avant qu’il ait au moins fini The Winds of Winter, ce fameux sixième volume de la saga principale.
Mais ça ne s’arrête pas là. Il compte en effet les refaire éditer hors des anthologies, sous forme de recueil dédié. Le premier volume, prévu pour 2015 (aux États-Unis et au Royaume-Uni), et illustré par Gary Gianni, regroupera les trois nouvelles parues à ce jour, et s’intitulera A Knight of the Seven Kingdoms. Reste à espérer une traduction française, ne serait-ce que pour profiter enfin de la troisième sans passer par la VO, pour les plus allergiques…
Quant à une éventuelle adaptation, il faut attendre de voir si l’idée intéresserait HBO. George rappelle en effet que la chaîne, en achetant les droits, n’a pas eu que les droits de la saga principale, mais aussi de tout ce qui se déroule en Westeros. Les négociations avec d’autres intéressés seraient donc délicates, voire impossibles, et HBO n’a encore jamais abordé le sujet. Donc : wait and see…
Captain America : Le Soldat de l’Hiver
Réalisateurs
Anthony et Joe Russo
Casting
Chris Evans, Scarlett Johansson, Anthony Mackie, Robert Redford, Samuel L.Jackson, Cobie Smulders…
Date de sortie
26 mars 2014
Durée
2H08
Genre
Action
D’après le personnage de Captain America, créé par Jack Kirby et Joe Simon
Synopsis
Après les événements cataclysmiques de New York de The Avengers, Steve Rogers aka Captain America vit tranquillement à Washington, D.C. et essaye de s’adapter au monde moderne. Mais quand Nick Fury est directement attaqué, Steve se retrouve impliqué dans un réseau d’intrigues qui met le monde en danger. S’associant à la Veuve Noire, Captain America lutte pour dénoncer une conspiration grandissante, tout en repoussant des tueurs professionnels envoyés pour le faire taire. Quand l’étendue du plan maléfique est révélée, Captain America et la Veuve Noire sollicitent l’aide d’un nouvel allié, le Faucon. Cependant, ils se retrouvent bientôt face à un inattendu et redoutable ennemi – le Soldat de l’Hiver.
Avis
On va le dire tout de suite : Le Soldat de l’Hiver confirme, chez moi, la bonne impression laissée par First Avenger, à savoir que Captain America est sans doute le personnage qui se sort le mieux (avec Iron Man) de l’univers partagé Marvel au cinéma. Bien sûr, pour qui connaît un minimum les comics, rien ne sera vraiment surprenant, pas même l’identité du Soldat de l’Hiver, évidemment. Ce qui n’empêchera pas le film d’être particulièrement efficace sur tous les plans, digne des comics dont il s’inspire.
Bon, bien sûr, ce n’est pas non plus le chef-d’œuvre qui va retourner le cerveau de ceux qui n’aiment pas Marvel, hein, il a ses défauts. L’orientation vers le thriller politique est louable, mais c’est très vite secondaire, par exemple. Durant les scènes d’action, un combat au corps à corps est vite illisible, aussi. Et on regrettera le temps à l’écran du Soldat de l’Hiver et de la Veuve Noire (mais s’ils sont peu présents, c’est toujours pour être bien badass, ça compense), de même que les bons vieux gimmicks et clichés du film d’action.
Et pourtant, ça marche. Ça marche parce que le film ne prétend pas révolutionner le genre, mais juste offrir un bon divertissement qui se fout quand même pas de la gueule du monde, et c’est exactement ce qu’il offre. Certes, ça n’a pas la profondeur d’un V pour Vendetta ou d’un Watchmen, mais l’humour fonctionne, l’action et le scénario aussi, on en prend plein les yeux sans être pris pour des cons, et le comics de base est bien adapté, avec des acteurs qui font bien leur boulot. Que peut-on bien demander de plus ? Bref, si vous aimez Marvel, foncez. Et si vous n’aimez pas, vous devriez quand même passer un moment de détente sympa, tant pis si vous ne comprenez pas les références, ce n’est pas là que se cache l’essentiel du film.
Et moi, j’attends donc la 3e aventure solo de Cap avec un certain entrain.
L’Épée de Vérité, tome 1 : La Première Leçon du Sorcier
Auteur
Terry Goodkind
Genre
Fantasy
Éditeur
France Loisirs
Nombre de pages
638
Année de parution
2005
Synopsis
Jusqu’à ce que Richard Cypher sauve cette belle inconnue des griffes de ses poursuivants, il vivait paisiblement dans la forêt. Elle ne consent à lui dire que son nom : Kahlan. Mais lui sait déjà, au premier regard, qu’il ne pourra plus la quitter. Car, désormais, le danger rôde en Hartland. Des créatures monstrueuses suivent les pas de l’étrangère. Seul Zedd, son vieil ami ermite, peut lui venir en aide… en bouleversant son destin. Richard devra porter l’Épée de Vérité et s’opposer aux forces de Darken Rahl, le mage dictateur.
Ainsi commence une extraordinaire quête à travers les ténèbres. Au nom de l’amour. À n’importe quel prix.
Avis
Bon, heu, alors, par où et quoi commencer ? Si je me pose la question, c’est parce que Terry Goddkind m’a vraiment assommé avec ses idées, me laissant me demander jusqu’où il oserait aller rien qu’avec ce premier volume d’une série de onze… Sans compter les « bonus » (préquelles, suites, etc…).
Si on voit tout de suite que l’histoire est le gros classique de l’Élu contre le vilain dictateur, RIEN, et je dis bien RIEN, ne peut préparer le lecteur à l’assaut que son cerveau va subir en lisant ceci ! Si je ne savais pas trop comment définir un auteur bien bourrin et pas subtil, j’ai maintenant une définition parfaite pour ça : Terry Goodkind.
Avec Goodkind, c’est simple : deux personnages de sexe opposés qui viennent de se rencontrer sont aussitôt les amis les plus forts et les plus fidèles jusqu’à la mort, avant de se rendre compte qu’ils s’aiment quelques temps plus tard… Voire tout de suite, éventuellement.
Côté méchants, on ne va pas faire dans la demi-mesure, hein. Darken Rahl est donc un grand blond aux yeux bleus, comme ses troupes d’élite (on voit PAS DU TOUT la race aryenne là-dedans, voyons…). Il tue, pille, détruit, viole, etc… La routine, quoi. Notons également qu’il se fait appeler le Petit Père Rahl (tiens, ça me rappelle le Petit Père du Peuple Josef Staline, ça…) et prétend agir pour le bien du peuple, évidemment. Quant à son homme de main, on tape carrément dans le pédophile reconnu. Soulignons enfin que les deux aiment voir leurs victimes se débattre dans leurs pièges… Bref, si vous n’avez pas encore compris que ce sont les gros méchants, on ne peut plus rien pour vous, là.
S’il n’y avait que ça, encore…
Le souci est aussi que les réactions de Richard sont dignes d’un gosse de cinq ans et que tout s’enchaîne à grands renforts de Deus ex Machina, sans aucune logique, juste parce que Richard est exceptionnel, est l’Élu, a le don, etc…
Sérieusement, ce type est tellement hors du commun que, sans AUCUN effort à part celui de la parole, il va réussir à trouver les réponses à des questions et énigmes par pure intuition, neutraliser de la magie sans rien faire, rallier à sa cause ou retourner contre leur maître quelques agents de Rahl, et j’en passe, c’est comme ça tout le long.
Goodkind tente bien de nous expliquer certaines choses de l’univers, mais ces règles n’ont tout simplement plus cours dès que Richard arrive sur les lieux. Il n’a quasiment aucune difficulté à faire quoi que ce soit…
Au final, Goodkind enchaîne les péripéties en vrac pour faire avancer une intrigue qui ne repose finalement sur rien, tant Richard peut tout faire sans effort. Ne reste que l’action et quelques passages sympathiques pour maintenir l’intérêt. Et c’est fort dommage.
Parce que, avec un traitement plus réfléchi, plus de sens dans l’enchaînement des idées, on aurait pu avoir quelque chose de certes peu original, mais assez efficace et prenant. Là, on a juste beaucoup de ridicule vaguement sauvé de ci de là par quelques éclairs de lucidité…
Et pour les Deus ex Machina, mention spéciale à la toute fin. Oh, et tant que j’y pense, il a caché une grosse copie de Gollum là-dedans. Si, si, difficile à trouver. Ou pas…
Bref, une bonne grosse série B qui flirte très dangereusement avec le Z… Peut-être vous parlerai-je de suite un jour, mais sachez que ce tome 1 se suffit à lui-même et peut très bien être lu seul. Pas tout à fait dégueulasse, mais on peut légitimement se demander pourquoi c’est un tel classique (voire culte) du genre…
La Prophétie des Cinq Tribus, tome 1, chapitre 1 [Premier jet]
Et nous y voilà enfin, oui ^^
Après le prologue, voici le chapitre 1. Bonne lecture Et d’avance désolé pour les possibles problèmes de typo en vrac x)
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Les gardes ne cessaient pas de frapper leur prisonnier, qui restait au sol, subissant les coups de pied au ventre et au visage. Du sang maculait son visage, mais il gardait la bouche fermée malgré la douleur, serrant les dents pour ne pas faire à ses bourreaux le plaisir d’entendre ses hurlements. Après de longues minutes à subir ce traitement, le jeune voleur fut relevé sans ménagement, alors qu’un officier s’était approché des gardes. Ses paroles étaient à peine compréhensibles, mais le captif réussit à saisir qu’il était temps, devant son acharnement à ne rien dire, de l’envoyer en cellule et d’arrêter de s’amuser. Les gardes le traînèrent alors, les pieds qui raclaient le sol et en soulevaient la poussière, jusqu’à ce qui serait désormais son domicile jusqu’à nouvel ordre. Le prisonnier fut violemment jeté à l’intérieur de ce qui ressemblait plus à un placard qu’à une cellule, le visage écrasé au sol. Le goût du sang dans sa bouche le réveilla, et il se releva lentement en crachant un peu du liquide rouge vital. Le visage tuméfié et ensanglanté, des douleurs sur tout le corps, chaque mouvement devenait une torture pour lui. Il se laissa tomber sur la pelure miteuse et remplie de poux tellement gros qu’on les voyait sans effort, espérant dormir un tant soit peu confortablement, malgré l’odeur persistante qui tenait de l’excrément. « Les précédents locataires n’ont pas vraiment pris soin de l’endroit » pensa-t-il. Sa plaisanterie vaseuse le fit rire tout seul avant de s’endormir tant bien que mal.
Une visite inattendue surprit le prisonnier au beau milieu de la nuit. Le geôlier était accompagné d’une jeune femme et venait le libérer. La femme était impossible à identifier, avec son visage caché sous une capuche.
— Tu es libre, dit le geôlier. Tu peux sortir.
— Hein ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ferme ta gueule et viens par là, dit la jeune femme en lui prenant le bras avant de s’engouffrer vers la sortie. Tiens, voilà ton équipement.
Le duo sortit sans encombre du pénitencier, sans partager un mot. Les gardes les regardaient à peine sortir. Après quelques minutes de marche, le prisonnier et l’inconnue arrivèrent dans les ruelles de Drakenhar. La pleine lune éclairait faiblement la ville, mais la jeune femme semblait voir dans la nuit, tant elle marchait d’un pas assuré. Le prisonnier s’arrêta soudain pour lui parler.
— Mais qui es-tu, au fait ? Tu arrives dans la citadelle, tu me fais libérer sans que ça semble gêner personne, et je te suis à travers la ville sans trop savoir pourquoi exactement. Enfin, si, pour comprendre un peu ce qu’il se passe. Mais à part ça…
— Ne peux-tu donc pas te taire, Jon Sheïmon ? Tu sauras tout en temps voulu, l’impatience ne te mènera nulle part. D’ici là… La ferme !
Les deux compagnons reprirent la marche forcée à travers les petites rues sales et sombres de la capitale de l’empire de Kär Draken. L’inconnue amena Jon, qui se demandait encore comment elle le connaissait, vers une maison enclavée au cœur d’un quartier pauvre. À l’intérieur, on pouvait voir, éclairés par la lueur des bougies, deux hommes étudiant une carte et un vieux livre, qui ne se tournèrent pas vers Jon à son arrivée. Le premier, debout avec le livre dans les mains, avait la cinquantaine bien tassée et le cheveu grisonnant. Sa courte barbe finement taillée et ses lunettes carrées indiquaient quelqu’un d’assez éduqué et aisé, peut-être même noble. Sa longue tunique et ses bottes de cuir aidaient à valider cette hypothèse. Son compagnon, quant à lui, semblait plus jeune, mais il était difficile pour Jon d’affirmer quoi que ce soit, ne voyant pas son visage. Tout juste discernait-il une chevelure brune assez longue qui laissait à peine voir une épée courbée et un arc accrochés au dos de l’homme. « Sans doute un Jäger… » pensa Jon, qui aurait préféré que son hypothèse se révèle fausse ; il avait vu assez de l’arrogance des Jägers pour sa vie entière, d’autant que les histoires sur leur compte n’étaient guère engageantes non plus, même s’il ne les avait jamais vérifiées par lui-même.
L’homme plus âgé se tourna finalement vers lui et la jeune femme. Malgré des traits fatigués, son regard gris était encore perçant. Le livre encore ouvert dans la main gauche, il esquissait un sourire de soulagement en direction de la compagne forcée de Jon.
— Bonsoir, Cara, dit-il alors. Ravi de te revoir entière. Je vois que tu as un invité avec toi, j’en déduis que ta mission a été un succès. Alors, voici notre homme ?
— Je te présente Jon Sheïmon, un petit voleur à la langue bien pendue.
L’homme s’approcha de Jon et lui tendit la main ; le voleur lui tendit la sienne en retour.
— Enchanté, Jon, dit l’homme. Puisque cette chère Cara manque à presque toutes les règles de politesse, comme à son habitude, laisse-moi donc faire les présentations. Je m’appelle Konrad Pittecker et, comme tu l’auras sans doute deviné, je passe ma vie à étudier d’antiques manuscrits en tout genre. La charmante demoiselle aux manières si raffinées qui t’a amené ici et qui a déjà disparu a pour nom Cara Marlan.
Cara haussa la tête de sa table à l’évocation de son nom, avant de disparaître à nouveau dans l’étude de ses parchemins.
— Quant à notre ami encore moins poli que Cara, ce que je croyais assez impossible, reprit Konrad, il s’appelle Herlen. Et avant que tu ne poses la question : non, nous ne lui connaissons pas de nom de famille.
Herlen leva la main gauche en guise de salut, sans prendre la peine de se retourner ou de dire le moindre mot. À côté de lui, Cara passait effectivement pour un modèle de bonnes manières. Jon était bien incapable de dire ce qui pouvait le maintenir aussi concentré sur son livre, mais il finit par penser, après ce que lui avait dit Konrad, que c’était simplement sa façon d’être et ne chercha pas plus loin.
— Et donc, j’ai vos noms, mais vous êtes… ? Demanda timidement Jon.
— Par les Dieux ! Nous manquons en effet à tous nos devoirs ! S’exclama Konrad. Cara te sort de cellule, t’amène jusqu’à nous, et nous nous contentons de nous présenter. Avant de te répondre, permets-moi de te poser une question à mon tour, Jon. Elle est importante pour saisir ce que nous faisons.
Jon hocha lentement la tête de haut en bas en signe d’acquiescement, se demandant toutefois ce que Konrad allait bien pouvoir lui dire de si important. Après tout, ils ne faisaient que lire des livres et des cartes ; seuls les pouvoirs de Cara et les armes d’Herlen laissaient envisager qu’ils pouvaient être autre chose qu’un petit groupe de curieux avides de connaissances. Peut-être s’étaient-ils attirés les foudres des gardes impériaux au détour d’une escapade en ville ou dans de quelconques ruines.
Konrad ôta ses lunettes et plongea littéralement son regard gris dans les yeux de Jon, puis passa sa main sur sa barbe, comme s’il réfléchissait à quelque chose tout en observant le jeune voleur. Après quelques secondes d’interminable silence, il commença à parler.
— Alors, dis-moi, Jon, connais-tu l’histoire de Gerwan et d’Ormas le Destructeur ?
— Tout le monde connaît cette histoire, répondit rapidement Jon. Gerwan a libéré le royaume de Palavir de l’emprise d’Ormas. Qu’y a-t-il de plus à dire, à part que ce royaume est désormais l’élément central du Saint Empire Drakenite ? Nous avons chassé un tyran pour, à terme, en accueillir un autre.
Cara ne put s’empêcher de laisser entendre un petit rire narquois à ce rapide résumé de Jon. Herlen, de son côté, semblait toujours autant de marbre, concentré sur son vieux livre. Quant à Konrad, il esquissait un sourire laissant clairement entendre à Jon qu’il avait encore beaucoup à apprendre.
— Ce succinct résumé conviendrait sans doute à un précepteur ennuyeux dont tu serais désireux de te débarrasser rapidement, mais il y a beaucoup plus à savoir au sujet de ce moment important du passé du royaume… Aussi vais-je prendre le temps de te raconter quelques petits choses à ce sujet, ce qui nous mènera par la suite aux recherches de notre groupe.
— Tu perds ton temps, Konrad. Cet âne ne sait que parler, pas écouter, intervint Cara.
— Nous verrons cela, Cara, répondit calmement l’érudit en faisant signe à Jon de ne pas réagir. Rassure-toi, Jon, je vais t’épargner les détails ennuyeux que tout le monde connaît ici et me contenter de te parler des éléments que tu dois savoir.
Au triomphe de l’Usurpateur
Débutera l’ère du Libérateur
Marqué du Sceau des Anciens
Il sera connu comme assassin
Du fond des fosses antiques
Reviendra l’arme démoniaque
Le trône vacant sera
Et un nouvel ordre s’élèvera
Konrad énonça ce poème puis attendit en fixant Jon. Voyant que celui-ci ne dégageait aucune réaction, il soupira et reprit la parole.
— Ceci était la prophétie que les cinq tribus des terres du sud ont énoncée quand Ormas le Destructeur renversa le roi Vernon et s’empara de Palavir. Elle annonçait, comme tu t’en doutes, la victoire de Gerwan. Toutefois, ton absence de réaction à ma sublime déclamation…
— Oh, oui, on aurait presque oublié tes talents de poète et de conteur…
— Ton absence de réaction, disais-je avant d’être sauvagement interrompu par une demoiselle sans éducation, montre clairement une chose. Les textes historiques ne parlent pas de la prophétie. D’ailleurs, parlent-ils seulement de la vie de Gerwan avant qu’il mène la rébellion et tue Ormas ?
Jon secoua la tête négativement à cette question.
— Exactement, Jon. On ne sait rien de lui. Tout simplement parce que la plupart des gens ne veulent pas qu’on en sache autre chose que ce que l’Histoire en a fait, un héros sans peur et sans reproche, qui s’est battu pour la liberté, et est mort paisiblement. Mais s’ils savaient les détails…
— Ils le renieraient, c’est ça ?
— Peut-être pas, mais ils prendraient conscience de ce qu’il a fait pour libérer le royaume… Et que ses intentions n’étaient peut-être pas aussi pures que ce qui nous est appris…
Jon leva un sourcil devant l’affirmation de Konrad. Il lui était difficile d’imaginer que Gerwan n’était pas un héros qui aurait simplement été prêt à se sacrifier pour la liberté. Konrad continua son cours d’Histoire pour un Jon qui avait de plus en plus de mal à croire ce qu’il entendait. Notamment quand Konrad en arriva aux détails…
— Attendez… J’ai bien compris ce que je viens d’entendre ? Vous accusez Gerwan d’avoir en fait conspiré pour prendre lui-même le pouvoir ? Au prix de la pratique de la nécromancie ? Mais qu’est-ce que c’est que ce ramassis d’âneries ?
— Juste la vérité, Jon. La seule et unique, celle que tu ne verras jamais dans les livres d’Histoire. Sauf les plus officieux et décriés, évidemment. Si tu veux en savoir plus, n’hésite pas à consulter tout ce que nous avons sous la main.
Jon se leva brutalement.
— Non. Non, c’est impossible. Je crois que vous êtes juste une bande de cinglés. Et après Gerwan qui n’était qu’un mégalomane avide de pouvoir, vous allez m’annoncer qu’une autre prophétie a été faite pour dire qu’un autre héros va tuer Draken, c’est ça ? Je vais aller voir ailleurs si j’y suis, moi, hein…
Ne laissant à personne le temps de réagir, Jon sortit à la vitesse de l’éclair en claquant la porte. Konrad resta bouche bée, rejoint par Cara.
— Je te l’avais dit… Un âne bâté.
— Une vraie tête de mule, en effet, mais qui devra bien céder devant la vérité… De plus, les sorciers de Draken doivent connaître la nouvelle prophétie ainsi que l’existence de Jon… Il faut que tu le ramènes, Cara. Herlen, il serait de bon ton que tu la couvres.
— Moi ? Et pourquoi devrais-je le ramener ?
— Parce qu’il nous le faut et que je ne suis pas un homme d’action. Allez, faites vite. De mon côté, j’organise le départ. Je crains que l’on doive rapidement quitter Drakenhar…
Cara sortit en maugréant, suivie de Herlen qui ne laissait toujours pas échapper le moindre mot, ni la moindre émotion. L’improbable duo laissait Konrad à la préparation d’un départ en urgence, prêt à emmener les informations nécessaires et de quoi survivre.
À l’extérieur, les rues de Drakenhar étaient plongées dans l’obscurité totale. Jon errait sans but précis, si ce n’est celui d’éviter les gardes et de s’éloigner autant que possible de Konrad, Cara, et Herlen. Il avait déjà repéré le manoir isolé aux abords de la ville et s’y dirigeait tout droit. « Rien de mieux que le travail pour oublier une journée de merde » pensa-t-il. Aucune lumière n’émanait du bâtiment, aucun garde ne semblait le surveiller, la cible était parfaite. Jon enfila son masque et sa capuche, et marcha vers la fenêtre. Celle-ci ne tarda pas à craquer sous la lame du voleur, lui permettant d’entrer discrètement.
Une fois à l’intérieur, Jon prit le temps de faire le tour du bâtiment et d’emporter tout ce qu’il pouvait mettre dans son sac. Après une petite visite au garde-manger, Jon ressortit tranquillement par où il était entré, accueilli par une main sur son épaule. Surpris, il fit rapidement volte-face et se retrouva au sol, à la merci de ses interlocuteurs. Les visages masqués par la nuit, ceux-ci, au nombre de trois, avaient encerclé Jon, lui empêchant toute fuite. L’inconnu juste devant Jon le saisit par le cou et le força à se tenir debout devant lui. « C’est pas vrai, je vais encore me faire tabasser, pensa-t-il alors… Vraiment une journée foirée d’un bout à l’autre… »
— Alors, c’est ça, l’héritier de la légende ? Tu parles d’une menace. Un pauvre idiot doublé d’un cambrioleur raté. C’est ça qui fait peur au Saint Empereur et ses sorciers ?
L’inconnu balança Jon au sol sans ménagement et lui cracha au visage, pour bien lui signifier tout son mépris.
— Certes, il ne paie pas de mine, intervint l’un des deux autres agresseurs. Mais si les Seigneurs Sorciers ont vu qu’il allait être une menace, c’est que ça arrivera. Sauf si on règle le problème tout de suite… Après tout, on a été assez grassement payé pour débarrasser le Saint Empereur de ce maraud, non ?
Les membres du trio sortirent alors leurs lames de leurs fourreaux, prêts à frapper. Le métal brillait sous la lumière de la lune, dévoilant les sourires sadiques des meurtriers. C’est à ce moment qu’une flèche surgit de nulle part droit dans la gorge de l’un des trois agresseurs, qui s’écroula sur place avec de l’écume sanglante aux lèvres. Un autre vit sa vie s’achever de façon brutale par une congélation instantanée, avant d’être brisé en morceaux par un bâton de combat. Jon profita de la confusion pour dégainer son épée courte et l’enfoncer dans le torse du troisième agresseur. L’action ne dura pas plus d’une minute et fut extrêmement violente, comme pouvaient le prouver les traces de sang au sol.
— Tu nous crois, maintenant, Sheïmon ?
Encore sous le choc de l’assaut, Jon ne réalisa pas vraiment que l’on s’adressait à lui. Ce n’est que quand la voix se fit insistante qu’il reconnut Cara, le bâton à la main, et comprit qu’elle venait de lui sauver la vie avec Herlen. Il marmonna une réponse affirmative, mais bien timide.
— Bon, il faut qu’on rejoigne Konrad immédiatement. Il avait raison, nous sommes en danger à Drakenhar. Il prépare déjà le départ, tu pourras discuter de tout ça avec lui sur la route. Herlen, tu couvres nos arrières.
— Je ne peux pas partir, dit Jon. Pas tout de suite, du moins…
— Bon sang, mais tu as vraiment de la flotte à la place du cerveau, ou quoi ? J’ai pas fait tout ça pour que tu continues à jouer les abrutis têtus. Alors, maintenant, tu fermes ta gueule et tu nous suis tranquillement selon le plan. Compris ?
Jon était bien conscient que Cara ferait ce qu’il fallait pour qu’il la suive, mais il était tout aussi déterminé à faire les choses comme il l’entendait.
— J’ai un objet à récupérer chez moi. Et je vais le faire, que cela te plaise ou pas, Cara.
Jon tourna les talons aussitôt après avoir fini sa phrase, se dirigeant droit vers sa planque au cœur de la ville.
— Ils doivent déjà être chez toi à tout retourner, sombre crétin !
— Alors ça, aucune chance, répondit Jon dans un sourire sans se retourner.
La magicienne maudissait le sale caractère du descendant de Gerwan, mais ne pouvait guère faire autre chose que le suivre. Elle fit un signe de tête à Herlen et tous deux s’engagèrent sur les pas du voleur.
Jon les mena dans les sous-sols de la ville, jusqu’à l’endroit où il avait pris ses quartiers. À leur grande surprise, personne ne semblait y avoir déjà posé les pieds, à part Jon. Les sentant étonnés, Jon leur expliqua où ils étaient.
— Les souterrains de la ville sont un labyrinthe complexe… Rien d’étonnant, c’était la prison des anciens rois, après tout. Un gros chantier, mais il n’y avait rien de plus efficace. Ni de plus sadique… Les monarques balançaient les criminels là-dedans, sans rien leur prendre. Ils arrivaient d’une ouverture placée à une dizaine de mètres du sol, puis erraient à la recherche de la sortie… Pas de gardes, on les laissait libres de leurs mouvements. Pour la majeure partie, ils mouraient de soif ou d’épuisement, ou étaient tués par d’autres prisonniers… Il n’y avait qu’une seule sortie, par laquelle on laissait passer un peu de nourriture, les jours où le roi y pensait… Et personne ne pouvait sortir par là, vous aurez remarqué que c’était très étroit, et les deux seuls gardes de l’endroit y étaient assignés…
— La prison parfaite, murmura Cara.
— En effet. Et impossible de s’y orienter sans carte. De plus, l’entrée est aujourd’hui bien cachée. Mais le plus intéressant et ironique, c’est où nous sommes actuellement. Regardez par là.
Jon pointa du doigt une petite ouverture dans la roche. Cara et Herlen s’approchèrent et découvrirent, de l’autre côté, la salle commune des gardes impériaux.
— Nous sommes sous le château ?
— En effet, Cara. Juste là où personne ne penserait jamais à chercher. Et nous bénéficions également de ses barrières magiques. Mais au vu des événements, rester ici ne serait guère que du sursis et ne résoudrait rien… Et en parlant de barrières magiques, tu ne m’as toujours pas dit comment tu avais réussi à me faire sortir…
Sans prêter attention à la réaction de Cara, Jon ouvrit un coffre caché sous sa couche et en sortit un vieil artefact, apparemment sans grande valeur ; une antique amulette représentant un serpent qui se mord la queue entourant un oiseau de feu pris dans un triangle.
— D’après mon père, cette amulette est un trésor familial qui se transmet depuis longtemps et que je devais toujours protéger.Il m’a toujours dit de ne jamais la porter ni la déplacer, sauf en cas d’extrême nécessité. Et je crois que nous sommes dans un tel cas…
— En effet, Jon, répondit Cara sans éloigner son regard des gardes. Maintenant, on rejoint Konrad.
Le trio ressortit des souterrains et se dirigea vers la maison où les attendait Konrad, qui avait trouvé un attelage pour les transporter tous les quatre, ainsi qu’un bon nombre de ses livres.
— Ah, vous êtes là. Ravi de te revoir, Jon. Il est temps de quitter cette ville et d’aller en savoir plus sur la prophétie et la lignée de Gerwan. Mais je te dirai déjà tout ce que j’en sais, il serait bien injuste que tu ignores tout de ce qui te concerne, Jon.
Le voleur sourit nerveusement à la phrase de Konrad, puis prit place à bord de l’attelage, la tête remplie de questions.
Anonymous
Casting
Rhys Ifans, Vanessa Redgrave, Joely Richardson, David Thewlis, Xavier Samuel, Sebastian Armesto, Rafe Spall, Edward Hogg, Derek Jacobi…
Date de sortie
4 janvier 2012
Durée
2H18
Genre
Drame
Synopsis
C’est l’une des plus fascinantes énigmes artistiques qui soit, et depuis des siècles, les plus grands érudits tentent de percer son mystère. De Mark Twain à Charles Dickens en passant par Sigmund Freud, tous se demandent qui a réellement écrit les œuvres attribuées à William Shakespeare. Les experts s’affrontent, d’innombrables théories parfois extrêmes ont vu le jour, des universitaires ont voué leur vie à prouver ou à démystifier la paternité artistique des plus célèbres œuvres de la littérature anglaise.
A travers une histoire incroyable mais terriblement plausible, Anonymous propose une réponse aussi captivante qu’impressionnante. Au cœur de l’Angleterre élisabéthaine, dans une époque agitée d’intrigues politiques, de scandales, de romances illicites à la Cour, et de complots d’aristocrates avides de pouvoir, voici comment ces secrets furent exposés au grand jour dans le plus improbable des lieux : le théâtre…
Avis
Il arrive que certains réalisateurs, comme certains auteurs, décident de s’éloigner de leur genre de prédilection… Takashi Miike, par exemple, a abandonné l’action sanglante et un peu gore au profit du drame historique et réaliste le temps de réaliser son remake de Hara-Kiri (très bon, au passage). Ici, c’est donc Roland Emmerich qui a délaissé la SF et le film catastrophe le temps de s’attaquer à l’une des plus grandes énigmes de l’Histoire de la littérature : qui se cachait vraiment derrière le nom de William Shakespeare ?
Car, oui, l’identité de Shakespeare fait débat. Comment ce simple fils de gantier, relativement illettré, a-t-il pu devenir quasiment du jour au lendemain le génie littéraire que l’on connaît ? Don, pseudonyme, prête-nom ? Toutes les hypothèses sont ouvertes, encore aujourd’hui. Et Emmerich a décidé, ici, d’en choisir une.
Mais point de biopic pompeux ou hagiographique, non. L’idée retenue pour le scénario s’inscrit dans un projet bien plus vaste que simplement parler de Shakespeare (et peut-on « simplement » parler de lui et son œuvre ?). Pendant deux heures, Emmerich nous plonge au cœur de la société élisabéthaine, sa censure, son écriture, son pouvoir.
Il en résulte un drame psychologique intense, avec une pointe de thriller politique, qui nous parle de la beauté de l’art, de son souffle vital pour les artistes, de faux semblants, et de recherche de pouvoir.
Emmerich livre une belle reconstitution historique, bien qu’il se permette de réécrire l’Histoire sur quelques éléments… Ce film est en effet de la pure fiction, certes plausible, où l’art d’écrire se met au service de la révolte sociale, dans tous les milieux de la société élisabéthaine.
Alors, certes, les réécritures de l’Histoire sont énormes, les références à Shakespeare et autres citations parfois maladroites, mais c’est visuellement superbe, bien réalisé, bien interprété, et l’intrigue est vraiment prenante.
Si vous êtes prêts à découvrir une interprétation du mythe autour de l’identité de William Shakespeare, sans être pointilleux sur les faits, Anonymous sera alors un grand, voire un très grand film. Pari osé, mais réussi pour Emmerich, qui montre qu’il est capable de faire autre chose que ce dans quoi il s’est régulièrement enfermé (même s’il avait déjà un peu tenté avec The Patriot).